Herbin / Charchoune : L'Abstraction Symbolique

13 - 22 Juillet 2023

Véritables nomades de l'avant-garde, Auguste Herbin et Serge Charchoune présentent deux voies parallèles et contrastées dans l'histoire de l'art du siècle dernier. Les carrières des deux artistes traversent les mouvements de la première moitié du XXe siècle : Herbin passe du fauvisme au cubisme, puis à la création de son propre langage pictural abstrait. Charchoune commence lui aussi par le cubisme, avant de se rebeller contre le mouvement et de se tourner vers la révolte Dada, en signant "L'Oeil cacodylate" de Picabia en 1921. Il réintègre ensuite le cubisme de manière plus décorative, tout comme Herbin lors de son passage à la galerie Rosenberg, pour se tourner ensuite vers le purisme et enfin créer des œuvres abstraites lyriques et colorées inspirées par la musique.

 

"Dieu" d'Herbin en 1957 et "La Chute de l'ange" de Charchoune sont des représentations abstraites mais lyriques de concepts. Si Herbin, à l'époque de l'Alphabet plastique, utilise des couleurs et des formes très précises pour désigner des concepts, ses œuvres n'en ont pas moins quelque chose de spirituel. Ici, l'artiste utilise le cercle, la forme généralement considérée comme la plus parfaite, comme une représentation de Dieu. La gouache, élaborée à l'aide d'un compas, pourrait être une référence au Démiurge de William Blake, qui lui aussi a créé l'univers à l'aide d'un compas divin.

 

Au cours des années 50, Charchoune traverse sa période "musicaliste", inspirée par la musique et le mysticisme. "La Chute de l'ange, dont le titre alternatif est Le Vaiseau fantôme, tiré de l'opéra de Wagner, est une vibration de lignes colorées et énergiques.

 

Les deux œuvres invitent le spectateur à réfléchir à la forme abstraite du symbolisme. Ici, la figuration se transforme en lignes pures et en rythme coloré, sans perdre sa profonde charge métaphorique.